Contributeur du mois: Julien Fastré
19.06.2016 - Marc Gemis
Qui es-tu ?
J’ai plusieurs activités, et j’apprécie beaucoup qu’elle soient dans des domaines très variés (même si, parfois, ça me fatigue un peu) :
- Je suis développeur à Champs-Libres, où une partie de nos travaux sont en lien avec la géographique. On ré-utilise fréquemment les données de OpenStreetMap (OSM). On met également en place des serveurs carto, nominatim, etc. Ça me prend officiellement un mi-temps, mais en réalité, c’est beaucoup plus.
- J’ai fait des études de journalisme, mais depuis que j’ai quitté l’école, j’ai été travailleur social. Je suis employé également à mi-temps comme formateur avec des demandeuses d’emploi, dans une association féministe.
- J’ai également été (et parfois je le suis encore) engagé dans beaucoup d’associations ou de mouvements : le GRACQ (Groupe de Recherche et d’Action des Cyclistes Quotidiens, syndicat des cyclistes), les de scouts, des syndicats, …
Je suis également papa et ça me prend une autre belle partie de mon temps !
Comment et quand as-tu découvert OpenStreetMap ?
Complètement par hasard, par un article dans le magazine du GRACQ, qui m’a donné envie d’aller plus loin. J’ai alors commencé à m’intéresser et à contribuer pour ce qui était mon intérêt : à l’époque, les randonnées et les infrastructures cyclables.
Utilises-tu OpenStreetMap au quotidien ?
J’ai une utilisation quasi hebdomadaire d’OpenStreetMap pour repérer le bureau des clients, me rendre à un endroit, etc. J’utilise de plus en plus OsmAnd sur mon téléphone. J’ai aussi une utilisation professionnelle des données: je les extrais et les télécharge pour mettre à jour nos serveurs TMS, les importer pour des analyses, etc.
Quelle sorte de contributeur es-tu ?
Petit à petit, j’ai l’impression d’être devenu un contributeur de deuxième ligne. Il m’est arrivé fréquemment de faire “de l’évangélisation” pour OSM. J’ai donné des conférences, rencontré des ministres, des administrations, etc. Cela demande une certaine disponibilité, une certaine patience. Quand une personne le fait une première fois, il arrive que les interlocuteurs s’adressent à cette personne la fois suivante. Cela a été mon cas. Mais je serai heureux que d’autres puissent s’investir dans ce travail “d’advocacy”. En conséquence, je passe moins de temps à ajouter des objets qu’à parler d’OSM. Et, j’avoue, je commence à ressentir un manque de contact avec le terrain. Pour le moment, je m’intéresse assez bien à la cartographie “sociale” ; je suis travailleur social depuis 10 ans et je pense que OSM pourrait être un outil très utile pour le secteur : pour constituer et centraliser une base de donnée des contacts, pour produire des cartes pour les personnes les plus précaires (sans-abris, etc.). Il y a eu un “cartopartie sans abris” début avril 2016, et je pense que c’était une très chouette initiative.
Que cartographies-tu ?
Heu ! J’ai déjà répondu … :-)
Quelle est ta plus grande prouesse en tant que contributeur ?
Je suis fier de quelques présentations que j’ai faites, à la suite desquelles des personnes sont venues me poser des questions et qui, par la suite, sont intéressées au projet OSM ou l’on inclut dans leurs outils professionnels. Même si ça n’est pas vraiment une prouesse, j’ai rencontré pas mal de gens sympa dans les administrations à Bruxelles et en Wallonie. Ils sont vraiment enthousiastes pour OSM, mais les administrations en elles-mêmes sont, malheureusement, comme des énormes paquebots : il faut du temps pour changer de cap.
Pourquoi cartographies-tu ?
Pour entretenir un “commun”. Je suis très motivé par l’idée de construire et d’entretenir une base de donnée de savoir collaborative, accessible à tous. J’ai l’impression d’apporter ma pierre à quelque chose qui est plus grand que moi. Alors que notre système économique nous pousse vers l’individualisme et consacre la propriété, je suis heureux, très heureux, de voir que d’autres initiatives (comme OSM, Wikipedia, le logiciel libre, mais aussi le mouvement des coopératives, des potagers communs, etc.) prennent le contre-pied et bâtissent, petit à petit, une alternative à ce système. Et je suis persuadé que, à court ou moyen terme, on verra le système économique dominant s’effondrer et qu’émergera un système mixte, avec un meilleur équilibre entre la liberté individuelle et le partage communautaire.
Fais-tu d’autres choses liées à OpenStreetMap ?
Comme je l’ai dit, les présentations sont plus fréquentes que mes contributions. Donc, pour mes contributions, je prends, parfois, des tâches dans Humanitarian OpenStreetMap Team (HOT). Je me réjouis aussi de déménager pour améliorer la base de données dans mon quartier.
As-tu des idées sur la façon dont nous pouvons étendre la communauté OpenStreetMap, pour motiver plus de gens à contribuer ?
Je trouve que les initiatives d’accueil des nouveaux contributeurs de ces derniers mois sont très chouettes ! Les cartoparties d’avril 2016 à l’université et celles pour les sans-abris amènent de nouveaux contributeurs. Je m’en réjouis !
Quelle est, selon toi, la plus grande force d’OpenStreetMap ?
Ses contributeurs, sa licence, … Tout, quoi :-) Je pense que OSM est toujours en avance sur les grands fournisseurs de données : quand quelque chose est “tendance” (les aménagements vélos, etc.), les contributeurs vont commencer à la cartographier dans les zones où cela sera le plus utilisé. Les fournisseurs de données classiques arrivent ensuite, avec une plus grande complétude et cohérence, mais plus tard et parfois trop tard, ou jamais, comme dans les zones du tiers-monde.
Quel est le plus grand défi pour OpenStreetMap ?
Augmenter le nombre de contributeurs réguliers pour tenir la carte le plus à jour possible.
Comment restes-tu au courant de toutes les petites nouvelles liées à OpenStreetMap ?
Je suis abonné aux flux RSS des blogs d’OSM. Je suis également abonné à la mailing-list talk-be, mais je ne réagis pas énormément.
Avez-vous des contacts avec d’autres cartographes ? Comment restes-tu en contact ?
À l’occasion de cartoparties, ou quand on travaille sur un projet particulier.
Pour conclure, y a-t-il encore quelque chose que tu souhaites dire au lecteur ?
Je suis très touché par la capacité d’entraide et d’accompagnement de la communauté. Je suis fier d’être aux côtés d’autres contributeurs pour cette raison.