Contributeur du mois: Guirec Halflants (Belgique)

- escada


Qui êtes-vous ?

Je m’appelle Guirec Halflants, je suis arlonais et originaire des environs de Bruxelles. Les cartes m’ont toujours passionné et je voyageais sur des cartes routières pendant de longues soirées en été. Après, j’ai investi dans le Times Atlas of the World (dépassé depuis lors par la géopolitique) et j’ai profité aussi d’un journal qui offrait tous les jours une carte d’état-major de Belgique; j’ai la collection presque complète, bien rangée et pliée mais je n’utilise presque plus le format papier.

Quand et comment avez-vous découvert OpenStreetMap ?

J’ai découvert OSM quand j’ai acheté un premier téléphone intelligent et que j’ai cherché ce qui existait pour utiliser le gps offline. Depuis, j’ai découvert des dizaines d’applications sur le net: opentopomap, HOT (Humanitarian OSM Team),… Je crois que ce qui m’a particulièrement séduit c’est de découvrir que je pouvais cartographier facilement; j’ai commencé tout de suite je crois.

Que cartographiez-vous ? Y a-t-il des différences depuis vos débuts ?

J’ai appris pas mal en cours de route. J’ai commencé avec l’éditeur en ligne et suis passé plus récemment au JOSM qui permet de cartographier beaucoup plus vite, de s’affranchir des photos-satellites pour travailler avec des calques (PICC en Belgique). Il y a cependant une petite courbe d’apprentissage! J’ai pas mal voyagé en 2012 - 2016, en Afrique, Cap-Vert et Amérique latine, et, dès que je pouvais, je regardais sur la carte les détails qui manquaient: chemin dans les champs et bois pour faire du vélo, route, sentiers… Il y a des pays où la cartographie est embryonnaire et on a la chance de pouvoir encore faire les grandes structures de la carte! J’avais ainsi véritablement commencé en mai 2016 à faire la carte de la petite ville de El Cuá dans la forêt du Nicaragua, sur base d’une très mauvaise vue satellite et de ce que j’avais vu en passant et la carte est maintenant précise et détaillée (https://osm.org/go/YQ8CDu28–?m=)! Une fois les voies principales et ruisseaux tracés, j’ai commencé à regarder les maisons et bâtiments mais c’est plutôt en Belgique ou en Europe.

Comment cartographiez-vous ?

Cela dépend un peu du “projet”. Si je fais un travail systématique, c’est sur base de fond de carte (du type PICC) ou de photos-satellite s’il n’y a pas de carte disponible (la forêt du Nicaragua par exemple). Parfois je vois un détail qui manque sur mon GPS - limitation de vitesse, No de maison - et je prends une note ou retiens pour le corriger en rentrant à la maison.

Comment menez-vous vos relevés sur le terrain ?

J’en fais peu, ce sont des détails. Lors de mes voyages lointains, je retiens le chemin et ce que je vois et je vais comparer avec la carte, la photo satellite de fond et je fais ce que je peux. Je cherche maintenant à maîtriser un bon outil de cartographie offline sur le téléphone; je n’ai pas encore tout-à-fait trouvé ce qui me correspondait ou compris la logique des outils proposés mais StreetComplete me semble intéressant.

Où cartographiez-vous ? Localement, HOT ?

Pour le moment, nous avons un groupe qui s’est créé au sud de la Province de Luxembourg et nous nous sommes donné pour objectif d’encoder toutes les adresses des différentes communes en commençant par ce qui est près de chez nous (dessiner les maisons et leur attribuer les étiquettes d’adresses). L’idée c’est que la carte OSM soit exploitable avec un GPS grand public - pour trouver une adresse et s’y rendre - mais cela peut servir aux autorités progressivement; Arlon semble d’ailleurs préférer OSM à d’autres options sur son site web et pour étudier les questions de mobilité douce.

Quel est votre plus grande réussite en tant que cartographe ?

J’ai beaucoup aimé l’expérience “HOT” à laquelle j’ai participé. En collectif on a fait toute la carte demandée pour le traitement anti-malaria dans une zone isolée et vierge du Rwanda: pas une maison sur la carte au départ, pas un chemin et nous avons tout cartographié ensemble!! J’ai bien aimé et je promeus l’usage d’OSM dans les projets de développement.

Pourquoi cartographiez-vous ? Qu’est-ce qui vous motive ?

Les cartes sont belles et permettent de voyager en vrai ou dans sa tête sans produire de CO2.

Quelle est la partie la plus difficile en cartographie ?

Avoir une bonne information de terrain. Les photos sont parfois très insuffisantes et je ne me suis pas lancé dans l’enregistrement de mes déplacements; cela m’intéresse moins, je laisse à d’autres la précision gps, je suis plus pour la qualité du rendu et la collection des détails ou de ce qui “structure” l’espace.

Quels sont vos plans de cartographie dans un futur proche ?

Je voudrais contribuer à finaliser l’encodage de toutes les adresses au moins sur Arlon et partir sur Attert un peu au nord. Ce qui me plairait après cela c’est de prendre mon vélo et de cartographier la nature et les points remarquables sur Arlon et Attert: bois, cultures, chemins,…

Avez-vous des contacts avec d’autres cartographes ?

Oui, nous avons créé un groupe sur initiative de foxandpotatoes autour d’Arlon. Nous avons un objectif d’améliorer la carte près de chez nous et de promouvoir son usage par les services publics et le grand public. On fait un gros travail aussi de prosélytisme et de formation des personnes intéressées.

Utilisez-vous vous-même OpenStreetMap ? Comment ?

Le GPS sur le téléphone avec OsmAnd et ORUXmap (un projet espagnol) et j’ai trouvé le moyen de gagner beaucoup de liberté avec le GPS de grande marque que j’ai dans la voiture: je charge la carte de l’endroit ou je vais tout à fait librement http://garmin.openstreetmap.nl/ et j’ai une carte actualisée de n’importe quel pays. Par contre, la batterie flanche et je me fie de plus en plus au téléphone!

Faites-vous d’autres choses que la cartographie qui soit liées à

OpenStreetMap ? Je travaille dans la coopération au développement et donc j’essaie de trouver des opportunités d’exploiter OSM; cela peut servir quand il faut créer une petite carte dans un rapport (je veille à citer la source et la licence “open data”!) et cela peut servir pour les logiciels de GIS mais je n’ai pas beaucoup d’expérience de première main. J’utilise OSM dans les sites web que je crée pour promouvoir mes activités dans la région.

Pour conclure, y a-t-il autre chose que vous voulez mentionner ?

OSM est un bon exemple de ce qu’est un développement collaboratif et libre et de la force de la communauté. J’aurais toujours voulu le faire dans les logiciels mais je n’ai pas les connaissances alors que la cartographie est plus accessible; chacun à son niveau peu apporter une information géographique utile qui est améliorée peu à peu par ceux qui en savent plus.