Contributeur du mois: Matthieu Gaillet

- Marc Gemis


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Matthieu Gaillet (Pagaille) est technicien en électronique de formation et responsable technique d’un centre culturel. C’est plus sa passion de la cartographie collaborative et son usage intensif de ces cartes lors de ses randonnées à vélo ou à pied qui le motive à mapper.

Comment et quand avez vous découvert OpenStreetMap ?

Comme tout le monde probablement : par hasard, en 2010. J’ai tout de suite aimé le principe de la carte collaborative, bien qu’à l’époque je n’étais pas encore convaincu à 100% que le projet gagnerait en popularité et acceptation et pourrait rivaliser avec google maps. Puis j’ai commencé à faire usage des serveurs et logiciels OpenSource et le virus m’a gagné. Ce n’est donc qu’en 2013 que j’ai réellement commencé à utiliser OSM et à mapper avec JOSM.

Utilisez-vous OpenStreetMap vous-même ?

Les deux, notamment depuis l’avènement de Mapbox, umap, etc. qui permettent de personnaliser les cartes.

Quelle sorte de contributeur êtes vous ?

J’utilise mes propres traces GPS et j’ai l’habitude de passer quelques heures à mapper au retour d’une randonnée. Comme j’utilise les fonds de cartes OSM, j’ai tendance à quitter mon itinéraire prévu pour faire du surveying improvisé et avoir le bonheur intense d’ajouter un sentier manquant à la carte.Je suis également mappeur de salon, et me base sur des informations publiées par des auteurs tiers pour les intégrer à OSM. C’est ainsi que je m’improvise parfois évangéliste open source pour décider les services publics à libérer leurs données. Mes zones de prédilection correspondent à mes intérêts et mes lieux de passage. C’est ainsi que j’ai “commis” pas mal de changements par exemple tout au long de l’Eurovelo 6 qui traverse toute l’Europe de l’Allemagne à la mer noire en Roumanie.

Quel es ta plus grande prouesse en tant que contributeur ?

La relation 4128428. C’est un grand réseau maillé (points-noeuds) cyclable “La Wallonie Picarde à Vélo”, mis au point et publié par le SPF Wallonie et plus spécifiquement l’intercommunale IDETA. Il comporte actuellement 687 nodes et 914 routes. J’ai commencé à mapper ce réseau à la mi-2014, après avoir obtenu l’autorisation écrite d’IDETA pour la reproduction de ces données. Petit à petit, soirée après soirée, je suis arrivé à 75% du réseau, et c’est à ce moment que l’IDETA est revenu vers moi pour me faire signer un papier dont les termes contrevenaient totalement à ceux de la licences ODbL de OSM. Je me suis donc transformé en évangéliste de l’open source, jusqu’à présent sans succès, mais je suis têtu :-) En attendant, j’ai évidemment stoppé mon travail sur ce réseau qui m’a déjà coûté énormément d’heures de travail. Ce réseau m’a forcé à apprendre à maîtriser JOSM, ce qui n’est pas une mince affaire. A vrai dire, je déteste JOSM autant que je vénère sa puissance. Ce logiciel est beaucoup trop peu user friendly, ses performances sont médiocres, son interface utilisateur est digne du début des années 90. Mais pour des tâches de mapping avancé, il est incontournable et fait fort bien son boulot. Un autre chouette moment fut celui de la mise à jour du nouveau piétonnier et de la boucle de desserte (parking lus) qui a bouleversé pas mal de rue et quartiers du centre de Bruxelles. J’avais préparé le changeset quelques jours auparavant et je prévoyais de l’uploader le jour de l’inauguration à minuit précise, mais sur les conseils d’utilisateurs je l’ai envoyé avec plus de trois jours d’avance sur le timing officiel, pour éviter de devoir résoudre trop de conflits. OpenStreetMap était donc rigoureusement à jour avant tout le monde :-)

Pourquoi cartographiez vous? Qu’est ce qui vous motive ?

Par passion, et parce que je trouve extrêmement valorisant de faire partager les résultats d’un hobby a de multiples usagers, gratuitement. Je pense à ces marcheurs venus de l’autre bout de la planète et qui pourront peut être organiser leur randonnée sur un chemin que j’aurai mappé. J’aime beaucoup le côté utopiste et universel de ce genre de projet.

Avez-vous fait déjà d’autres choses liées à OpenStreetMap ?

Je participe de temps à autre à la mise à jour des wikis. J’aide d’autres utilisateurs rencontrés au hasard de mes pérégrinations virtuelles à mapper des choses plus complexes. Je compte organiser une survey party des aménagements cyclables bruxellois.

Avez-vous des idées sur la façon dont nous pouvons étendre la communauté OpenStreetMap, pour motiver plus de gens à contribuer ?

Améliore l’interface utilisateur du site OpenStreetMap qui ne rend pas assez justice à la qualité de la base de données. iD) est un formidable outil qui ne demande qu’à être encore étendu.

Quelle est, selon vous, la plus grande force d’OpenStreetMap? Son universalité et sa capacité d’adaptation au besoins des mappeurs.

Quel est le plus grand défi pour OpenStreetMap? Se rendre incontournable et beaucoup plus visible lorsque ses données sont intégrées à des applications tierces

Comment restez-vous au courant de toutes les petites nouvelles liées à OpenStreetMap ? Mailing liste et gazette virtuelle OSMweekly dont je prends connaissance via la mailing liste

Avez-vous des contacts avec d’autres cartographes ?

Certainement, notamment avec Polyglot que je considère comme mon mentor tant il met un point d’honneur a partager ses connaissances notamment en terme de réseaux de transports publics.

Pour conclure, y a-t-il encore quelque chose que vous souhaitez dire au lecteur ? Comme souvent dans l’Open Source, des clans s’affrontent et cela fait perdre beaucoup de temps. Par exemple, je pense que les temps d’iD et de JOSM devraient fusionner (une partie de) leurs équipes de développeurs : il y a beaucoup de redondance. C’est dommage. Sur la mailing liste, le ton n’est pas toujours agréable. Un modérateur devrait peut être intervenir quand ça dérape. Mais depuis quelques temps ça s’est calmé. :-)