Contributeur du mois: Vincent Van Eyken

- Marc Gemis


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Vincent Van Eyken (QuercE) est récemment diplômé en qualité d’ingénieur civil - architecte et, à partir de ce contexte, il a développé un intérêt particulier pour tout ce qui a à voir avec la planification urbaine, l’architecture paysagère de l’espace public. Mais depuis longtemps, il est aussi un passionné de géographie et de cartographie. Il n’est donc pas très surprenant que Vincent finisse par arriver à OpenStreetMap.

Pourquoi cartographies-tu ?

C’est d’abord et avant tout un excellent moyen de transformer une fascination pour la géographie en passe-temps. La prise de conscience que les choses que tu mets en carte - si petites et insignifiantes soient-elles - peuvent être utiles à d’autres tels les cyclistes, les skieurs, les randonneurs, les étudiants, les chercheurs, etc. dans un nombre infini de projets, donne une jolie forme de satisfaction et stimule l’envie de cartographier. Dans un monde où l’information est un bien de plus en plus important, il est enthousiasmant de voir que les projets Open Source tels que OpenStreetMap soient en plein développement pour que des données cruciales soient accessibles et disponibles pour tout le monde.

Quand as-tu commencé cartographier ?

Il y a quelques années, j’avais déjà rejoint un autre projet de cartographie collaborative, à savoir Wikimapia. Mais finalement j’ai décroché, en partie en raison de l’appui limité et l’applicabilité du projet, de la rugosité de la cartographie en ligne et du vandalisme cartographique. En naviguant sur Internet, je suis arrivé par hasard à OpenStreetMap.org. Cela semblait à première vue un projet tout à fait prometteur, accessible, bien documenté et avec une carte déjà solide, mais aussi avec une évolution rapide grâce au groupe croissant d’utilisateurs. Après m’être enregistré par curiosité, cela a encore pris un peu de temps avant que je ne commence vraiment à cartographier ; mais après quelques timides tentatives, j’ai vite pris goût à ajouter régulièrement quelque chose à la carte. Aussi parce que je commençais peu à peu à entrevoir clairement le potentiel réel d’un tel projet de données ouvertes comme base pour des applications infinies.

Comment et que cartographies-tu ?

Au départ, j’ai commencé avec l’éditeur en ligne Potlatch 2. Mais finalement je me suis heurté aux contraintes liées à des cas plus complexes et je me suis lancée dans JOSM. Cela nécessite une sérieuse courbe d’apprentissage, mais une fois que tu t’es vraiment plongé dedans, les possibilités sont considérablement élargies : kits de modification pré-établis, plug-ins, filtres pour couches, alignement des images, etc. Ces possibilités rendent la cartographie bien sûr encore plus polyvalente et plus attrayante. Mes premières contributions concernaient principalement des points d’intérêt ou des compléments aux voiries dans mon propre village et ma région. Une grande partie de mes contributions consistent chaque fois à faire de petits ajouts et des modifications dans mon propre environnement au sens large, et, de temps en temps, quelque chose plus loin, comme une destination de vacances. Habituellement, c’est quelque chose de petit que je trouve par hasard, par exemple dans des articles de presse, ce qui crée chez moi le réflexe d’aller voir si c’est déjà dans OSM ou si je peux encore ajouter ou ajuster un élément. Cela implique la correction et la dénomination des rues, en ajoutant les entreprises locales avec les heures d’ouverture, les bandes de circulation et les aires de stationnement, les sentiers et itinéraires cyclables, les routes lentes, etc. En bref, un peu de tout. J’essaie aussi autant que possible d’alterner ce que je cartographie, pour y garder un intérêt et pour affiner et approfondir ce que je cartographie. Je ne suis certainement pas un spécialiste dans un domaine particulier ou dans une certaine technique, mais j’essaie de tout pour rester informé. Malheureusement, je manque encore d’une bonne discipline pour me préparer à un survey bien ciblé, avec une mise en œuvre rigoureuse et un processus de suivi. Très vite, je suis donc devenu un “ armchairmapper “. Surtout parce que je cartographie généralement sur un coup de tête, lorsque je dispose d’un peu de temps et d’enthousiasme. Alors que j’étudiais, OpenStreetMap m’a souvent servi de dérivatif et a été une forme de procrastination pour entreprendre d’autres choses. Pour ce qui concerne la cartographie en chambre - armchairmapping - , j’ai été tout un temps occupé à travailler sur la poursuite de la cartographie des limites communales. Cela se base sur les cartes anciennes numérisées, telles que l’Atlas des chemins vicinaux ou l’Atlas cadastral parcellaire de la Belgique par Philippe-Christian Popp, et c’est donc, par définition, un petit travail à faire derrière l’ordinateur.

Utilises-tu OpenStreetMap toi-même ?

Auparavant, j’ai déjà utilisé quelques fois MapOSMatic pour imprimer rapidement une carte détaillée de ville en vue d’un voyage. Et à présent, je tente de faire autant que possible usage, sur mon smartphone, de l’application de navigation OsmAnd. En outre, j’ai à présent convaincu certaines personnes autour de moi de l’intérêt de cette application (et donc indirectement de OpenStreetMap), en particulier pour le cyclisme et la randonnée. Et aux sports d’hiver, j’ai, par exemple, utilisé un GPS Teasi One 2 GPS (avec cartes OSM) pour planifier les pistes de ski et l’enregistrement.

Comment restes-tu à jour au sujet des événements OSM ?

À travers la mailing-list talk-be notamment je tente de rester un peu au courant de ce qui se passe dans la communauté, mais je dois admettre que je suis avant tout un suiveur passif. D’ailleurs, j’ai déjà beaucoup appris en regardant les archives de la liste de diffusion. Il s’agit là d’un véritable trésor d’informations pertinentes et très spécifiques pour ceux qui voudraient cartographier en Belgique.

As-tu des contacts avec d’autres cartographes ?

Au début, j’ai reçu de diverses personnes quelques conseils utiles sur la manière de cartographier et sur les sujets à retenir. Puis cela a diminué et maintenant je suis parfois moi-même, de façon sporadique, capable de donner un conseil à un autre mappeur. Mais ce qui reste le plus rassurant, c’est que tu peux compter sur vous pouvez construire sur une forte communauté de passionnés. Jusqu’à présent, il ne m’est pas encore arrivé de participer à une rencontre ou à une mapping-party, mais pour le futur cela me semble valoir la peine de faire l’effort en vue d’acquérir des compétences et pour apprendre à bien connaître d’autres cartographes.

As-tu des idées sur la manière dont nous pouvons élargir la communauté OpenStreetMap?

Selon loi, il manque un peu à OSM une reconnaissance du nom auprès du «grand public». Non pas qu’il soit nécessaire de faire de grandes campagnes promotionnelles, mais ce tout de même formidable si les données d’OSM pouvaient devenir aussi célèbres et fameuses et aussi fréquemment consultées (sous quelque forme) que celles de Wikipedia. Les données d’OSM sont d’ores et déjà sur de nombreux sites Web, dans de multiples applications, etc., plus visibles les uns que les d’autres. Mais, pour l’utilisateur moyen, il semble surtout que l’on donne maintenant une image fragmentée de ce qu’est OSM et de ce qui peut être fait avec lui. Bien sûr, il existe déjà de nombreux exemples d’applications intuitives et interactives (OpenLinkMap.org, flosm.de, OsmAnd, etc.) qui permettent d’accéder d’une manière claire à certaines données, mais souvent on ne les découvre qu’après quelques recherches, et il n’est pas certain que chacun y aboutisse. Par conséquent, je pense qu’on doit continuer à rendre les données plus accessibles, notamment via la carte sur la page d’accueil principale d’OpenStreetMap.org. Cela a été une bonne chose que la page d’accueil rende accessible le logiciel de navigation. Mais permettre l’accès aux infos relatives aux POI (points d’intérêt) par des pour les pop-ups qui s’ouvrent pas un clic, serait certainement un complément utile pour attirer davantage d’utilisateurs et de cartographes. En ce qui concerne l’implantation régionale d’OpenStreetMap, ce pourrait être une option de chercher plus de contacts avec les associations locales (le Chiro [important mouvement de jeunesse flamand], les scouts, le Davidsfonds, l’Okra [mouvement chrétien de pensionnés], etc.). Qu’on se souvienne qu’il y a là quelques cartographes potentiels qui suite à leurs voyages, au cyclisme et à la randonnée ont des données détaillées à apporter à OpenStreetMap ?

Pour conclure, y a-t’il encore quelque chose que tu souhaites communiquer au lecteur ?

Je voudrais juste suggérer d’entretenir son enthousiasme à cartographier (ou si on ne cartographie pas encore, de commencer à le faire). Ce n’est pas toujours un long fleuve tranquille et il faut parfois quelque peu étudier avant de s’y mettre, mais une fois que tu as attrapé le microbe, cela en vaut vraiment la peine.