Contributeur du mois: Donat Robaux (France)
02.10.2021 - Pierre Parmentier
Sa homepage et sa page de contribution.
- Bonjour Donat. Voudrais-tu te présenter brièvement à nos lecteurs ?
- Je suis un homme de 37 ans. Je suis originaire de Nancy en Lorraine, en France. J’habite à côté de Paris depuis 10 ans. Je travaille dans les ressources humaines en milieu hospitalier.
- Comment et quand as-tu découvert OpenStreetMap ?
- Je ne m’en rappelle plus du tout. Ce que je peux dire c’est que j’ai toujours été un amoureux des cartes. J’aimais m’endormir en feuilletant les pages d’un guide Michelin ou d’une carte de l’Institut Géographique National (IGN). Plus jeune, j’ai gagné un concours où le prix était une carte IGN des itinéraires VTT. J’étais très fier.
- Comment utilises-tu OpenStreetMap ?
- J’utilise surtout OpenStreetMap pour contribuer et assez peu de manière utilitaire. J’utilise régulièrement uMap dans le cadre de la cartographie de crise avec l’association Visov (Volontaires Internationaux en Soutien Opérationnel Virtuel).
- Quelle sorte de contributeur es-tu et dans quelle région cartographies-tu ?
- Je suis plutôt un cartographe de fauteuil mais en vacances je fais beaucoup de relevés de terrain en prenant des photos que je traite ensuite. J’ai ainsi cartographié des dizaines de villages. Au début de ma découverte d’OpenStreetMap je cartographiais surtout dans la région dont je suis originaire et que je connais très bien et puis au fur et à mesure j’ai élargi mes contributions et ce, sur de plus en plus de sujets. Depuis quelques années, je cartographie partout en France, y compris en outre-mer. Quand on regarde ma carte de fréquentation on voit qu’aucune zone du territoire n’est “épargnée”. J’ai aussi cartographié quelques fois dans d’autres pays, notamment sur des activations humanitaires.
- Que cartographies-tu ? As-tu une spécialisation ?
- Je cartographie un peu de tout mais j’ai vraiment une spécialisation sur tout ce qui concerne la santé et la sécurité: civile, publique, et toutes les infrastructures sanitaires et sociales. Je développe toute cette cartographie pour que les services de secours découvrent et prennent en compte toutes les richesses du projet OpenStreetMap mais ce n’est pas gagné. Cela est dû au fait qu’en France, nous avons quand même des données géographiques de qualité notamment via l’IGN et que OpenStreetMap n’est pas vraiment attendu. Nous sommes vu comme des extra-terrestres par les pouvoirs publics. Et quand ils paraissent intéressés, il n’y a pas de suite. En tant que catholique je cartographie aussi également les églises et Dieu sait qu’il y en a beaucoup en France. Cela me tient à cœur que chaque église ait son nom, même quand tout le monde l’a oublié.
- Quelle est ta plus grande prouesse en tant que contributeur ?
- Je suis très fier d’avoir monté un Projet du Mois (https://wiki.openstreetmap.org/wiki/FR:Project_of_the_month/Gendarmerie_nationale) avec Noémie concernant les gendarmeries et que toutes ont été cartographiées en un mois tout pile, soit environ 3 500 gendarmeries et 400 commissariats de police. Ce projet a pu être monté avec la Mission numérique de la Direction générale de Gendarmerie nationale et ce qui m’a fait le plus plaisir c’est que des gendarmes de terrain ont contribué. Ce projet leur est directement utile car la gendarmerie utilise une version modifiée d’OsmAnd.
- Pourquoi cartographies-tu? Qu’est-ce qui te motive ?
- J’ai une conception très “service public” d’OpenStreetMap. Ce qui me motive actuellement c’est d’avoir une grande homogénéité sur tout le territoire concernant certaines données d’intérêt public et à terme de pouvoir faire le lien avec les référentiels de l’État. J’apprécie également de proposer des informations que d’autres fournisseurs de données n’ont pas et qu’OSM soit un support à plein d’initiatives variées,
- As-tu des idées pour élargir la communauté OpenStreetMap, pour motiver plus de gens à contribuer ?
- À mon niveau je suis beaucoup impliqué pour démocratiser OpenStreetMap et notamment la prise en main des outils. Je propose des sessions de prise en main à distance de JOSM pour qui le souhaite pour faciliter la prise en main et ainsi faciliter la contribution à OpenStreetMap. J’espère par ce biais essaimer un peu partout des contributeurs aguerris qui pourront aider les nouveaux près de chez eux. Actuellement, un contributeur qui commence se trouve le plus souvent tout seul. Cela peut aussi permettre de diminuer les erreurs et donc les corrections qui prennent beaucoup de temps et que personne n’a envie de faire.
- J’ai aussi un projet sous le coude plus audiovisuel (https://wiki.openstreetmap.org/wiki/User:Gendy54/Projet_audiovisuel) pour démocratiser la connaissance du projet OpenStreetMap. À l’heure des tutoriels je pense qu’on ne peut pas faire l’impasse sur ce média de communication qui me paraît beaucoup plus pertinent que le wiki et des pages de blog introuvables et statiques qui ne permettent pas une appropriation complète du projet. Et enfin j’ai un autre projet en cours avec deux amis, mais je n’en dis pas plus. Ce sera la surprise!
- As-tu des contacts avec d’autres contributeurs ?
- Oui j’ai des contacts avec des contributeurs de toute la France. Je suis impliqué dans l’association OpenStreetMap France depuis plusieurs années et participe au comité d’organisation du State of the Map France depuis 2015. La communauté française est quand même très active même si elle repose sur un faible nombre de contributeurs très investis. OpenStreetMap reste selon moi une activité très solitaire dans la mesure où chacun cartographie dans son coin. Je suis toujours un peu frustré qu’on n’arrive pas à fidéliser davantage les gens. La communauté est également très difficile à appréhender dans son ensemble et les échanges entre contributeurs sont peu fréquents au-delà des forums et réseaux sociaux.
- Quelle est, selon toi, la plus grande force d’OpenStreetMap ?
- Pour moi c’est sa communauté. Je le disais, la communauté française est très active et fourmille de projets. Nous avons une toute petite équipe de grande valeur qui maintient les serveurs français et les nombreux services associés. Sans parler des projets qui ont dépassé les frontières : uMap, Osmose, CyclOSM, etc.
- Quel est le plus grand défi pour OpenStreetMap ?
- Pour moi le plus grand défi pour OpenStreetMap c’est encore de se faire connaître notamment par le grand public. Il est encore trop fréquent de rencontrer dans la rue des gens qui n’en n’ont jamais entendu parler. Je pense que c’est le principal levier de développement de notre projet, en tout cas en France.
- Le projet reste également fragile au niveau de sa gouvernance et de son modèle. Je pense que tout ce beau projet ne peut pas reposer entièrement sur des bénévoles, mais cela pose d’autres questions.
- Comment restes-tu à jour par rapport à l’actualité d’OpenStreetMap ?
- J’attends avec impatience chaque fin de semaine le WeeklyOSM en français. Je regarde assez fréquemment les listes de discussion internationales mais comme la majorité des échanges se font en anglais cela ne me facilite pas la compréhension des enjeux et des discussions bien que j’aimerais y donner mon point de vue.
- Pour conclure, y a-t-il encore quelque chose que tu voudrais dire au lecteur ?
- Prenez du plaisir à cartographier !
- J’ai encore une petite question. Tu as évoqué les VISOV. Je crois savoir que les VISOV font partie des VOST. Pourrais-tu nous en dire plus quant à l’aide que OpenStreetMap apporte à leur action, ceci de manière concrète ?
- Effectivement l’association VISOV fait partie du mouvement des VOST, mais chacun fait ce qu’il veut dans son pays. Il n’y a pas de fédération ou autre.
- La cartographie sur uMap permet de géolocaliser les remontées des citoyens via les réseaux sociaux: Twitter, Facebook, Instagram, … Photo de pont détruit, par exemple. Elle permet ainsi de transformer l’information brute en information mise en forme à destination des pouvoirs publics — préfectures, services de secours — et donc plus exploitable sur des phénomènes géographiques, qui ne seraient pas visibles dans le cas contraire. La cartographie nous permet également de renseigner les citoyens sur les lieux d’accueil: salle communale, gymnase et de publier cela sur les réseaux sociaux.
Merci, Donat, pour cette interview.