Contributeur du mois: Marc Gemis

- Jorieke


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Marc Gemis, 48 ans, travaille en qualité de programmeur informatique pour une multinationale à Mortsel. Sa plus grande passion sont ses chiens, qu’il promène quotidiennement. Son surnom, escada est aussi le nom d’un de ses chiens.

Comment as-tu découvert OpenStreetMap ?

Jusqu’en 2011, je faisais beaucoup de promenades avec les chiens, mais celles-ci étaient souvent les mêmes promenades ou des randonnées d’après les guides de randonnée Lannoo. Ces promenades n’étaient pas faites tous les soirs ou tous les week-ends car elles étaient alternées avec de l’agility. Malheureusement, mon chien de compétition a été blessé et j’ai du arrêter le sport. Cela m’a donné plus de temps pour la marche. Comme je voulais découvrir plus de la Belgique, je me suis acheté un GPS Garmin.

C’est ainsi que j’ai téléchargé des itinéraires de dogsfriendly.be et je me suis mis à les parcourir. Lorsque j’ai découvert qu’une bonne carte de marche coûtait aussi cher que l’appareil lui-même, je suis allé à la recherche d’une alternative moins chère. Et donc, je me suis retrouvé sur le site garmin.openstreetmap.nl. La carte mise à disposition, semblait d’une qualité suffisante pour mes besoins.

Après l’avoir installée sur mon appareil, j’ai remarqué qu’un certain nombre de chemins et de sentiers de randonnée dans le village n’étaient pas encore sur la carte. Par conséquent, je l’ai signalé à la liste de diffusion OSM belge et j’ai demandé comment je pouvais ajouter ces éléments manquants. J’ai reçu beaucoup de conseils et l’utilisateur Polyglot m’a aussi montré les autres choses manquantes et comment les insérer. Il m’a parlé alors principalement des numéros de maison et des arrêts de bus.

Utilises-tu OpenStreetMap ?

Comme tu peux déduire de ce qui précède, j’utilise OpenStreetMap donc tout le temps sur mon Garmin. En outre, je ferai toujours usage de openstreetmap.org lorsque je donnerai un rendez-vous à des amis pour une promenade. Parfois, je me sers aussi de Grapphopper ou de OSRM en vue de me rendre compte à l’avance de la longueur ou de la durée d’un voyage. Ces deux outils de navigation ont récemment été intégrés sur le site de openstreetmap.org.

J’ai récemment acheté mon premier smartphone. La principale raison de l’achat était de pouvoir utiliser OsmAnd pour la navigation automobile. Lors de notre dernier séjour, OsmAnd a également été utilisé comme un guide de la ville.

Quelle sorte de contributeur es-tu ?

Comme dit plus haut, chaque jour je fais une balade avec mes chiens. Ce qui fait que presque chaque jour je trouve quelque chose à cartographier. Les promenades du soir se font souvent dans mon voisinage, mais je fais des petits voyages en Belgique le week-end. La plupart de mes balades sont planifiées afin que je découvre de nouvelles parties d’itinéraires pédestres. Les réseaux sont édités par les offices de tourisme et permettent à chacun de créer sa propre promenade, en passant par des petites routes entre les carrefours numérotés des réseaux. Ces réseaux, et leurs carrefours numérotés, sont des choses que je cartographie.

Pour mes balades du soir je travaille différemment. Certaines se situent le long de chemins calmes, car mes chiens les apprécient beaucoup, tandis que d’autres sont des balades destinées au relevé. Ce qui veut dire parcourir chaque rue et noter les informations, principalement le numéro des maisons. J’ai collecté des milliers de numéros de maison de cette manière. Depuis que pour la Flandre nous sommes autorisés à importer les numéros de maison, j’effectue moins ce genre de balades.

Comme je découvre toujours de nouvelles manières de cartographier les choses, une balade que j’ai déjà faite plusieurs fois peut révéler de nouvelles données. J’ai aussi commencé à cartographier les rues pour Mapillary. Mais ce n’est pas toujours évident avec quatre chiens surtout quand le soleil se couche.

Quels outils utilises-tu ?

Dès le premier jour j’ai utilisé un appareil GPS sur lequel je mets les waypoints avec des informations que je vais plus tard cartographier. C’est très bien pour des textes courts, comme des numéros de maison ou des objets courants tels que des poubelles ou des bancs. Pour cela, j’ai mis au point un “nouveau” langage d’abréviations.

Depuis un an environ, je prends surtout des photos. Avec cela, tu vois tout de même mieux où se trouvent les objets ; elles contiennent plus d’informations. Parfois, tu vois des choses que tu as manquées sur place. Les photos sont réalisées essentiellement avec un reflex. Je les fais maintenant aussi avec un smartphone, mais le GPS et la caméra sont encore plus pratiques car tu peux les accrocher autour de ton cou et les actionner facilement avec une seule main. De l’autre main, j’en ai besoin pour tenir les chiens. Les photos sont toujours aussi téléchargées sur mon site web de smugmug, comme archive.

Depuis le début, j’utilise JOSM pour l’amélioration des données. J’ai essayé les autres éditeurs, parfois, mais ils ne répondent toujours pas à mes besoins. iD est utile si, par exemple, tu fais des choses pour Maproulette. Level0 est utile si tu veux changer un certain nombre de choses que tu as mal cartographiées. J’ai écrit une fois à ce sujet dans un carnet.

Je corrige aussi les erreurs détectées par Osmose et KeepRight, mais je préfère cartographier des données que j’ai relevées. Aller dehors, collecter les données me semble très important car j’ai l’impression que pas beaucoup de gens font comme ça. D’un autre coté, j’aime beaucoup réparer les erreurs de mon voisinage listées par Check de Monuments. Peut être car le sujet m’intéresse particulièrement.

Qiuand je n’utilise pas mon smartphone pour la navigation, j’essaie de prendre des photos avec Mapillary. Il me permet de prendre des photos pendant que je conduis.

Dans quelle zone cartographies-tu ?

Principalement je cartographie en Belgique. Bien sûr, je contribue aussi lorsque je suis en vacances à l’étranger. J’ai aussi cartographié quelques villages en Mongolie et en Ouganda. Cela été très relaxant, de juste dessiner les maisons et les chemins à partir des images satellitaires. Quoi qu’il en soit, je préfère cartographier “localement”, une zone où je connais bien l’environnement global.

Que cartographies-tu ?

Au début, je me suis juste occupé de chemins manquants et de points d’intérêt (POI) traditionnels tels que les commerces ou les services bancaires ou les boîtes aux lettres. Ensuite vinrent les numéros des maisons et les arrêts de bus. La liste s’est allongée avec des poubelles, des bancs, des emplacements de pique-niques, des bouées de sauvetage, des parking pour vélos, etc.

Récemment, j’ai commencé à relever des hydrants enterrés (avant je ne savais pas comment je devais les reconnaître), des cabines pour les services publics, des marquages pour les pipelines et les lignes électriques de distribution locale. Pour ces derniers, les photos que tu peux trouver aisément sur Mapillary sont fort pratiques. Les marquages sur poteaux sont trop petits pour être facilement reconnaissables sur les photos satellitaires. C’est peut-être la raison pour laquelle il n’y en a pas beaucoup qui sont déjà cartographiés. Ils peuvent être repérés sur ITO. Bien sûr, je relève également les panneaux de signalisation pour les sens uniques, les vitesse maximales autorisées, etc.

Depuis un an, je travaille sur la cartographie des indications de bifurcation par voie en Flandre. Là, j’ai commencé parce que je voulais voir en action les attributs de style de route mis en place pour JOSM par Martin Vonwald. Puis je me suis rendu compte que cela pouvait être une aide aux programmes de navigation. J’ai donc continué à en faire plus. Après toute la Flandre, j’espère continuer avec la Wallonie. Alors que j’étais occupé avec cela depuis six mois, OsmAnd a annoncé qu’il y avait un soutien à ces data. Peu après, c’est devenu le « projet de la semaine » en Allemagne, avec un accent sur ces données. Il y a aussi un outil qui a été développé avec lequel tu peux afficher ces données. Cela donne un agréable sentiment que ton travail peut effectivement être utilisé.

Historische gebouwen en wandelknooppunten in Sint-Pieters-Leeuw

Au cours de cette visite virtuelle en Flandre, je repère ci et là des détails incorrectement cartographiés, mais en général les voiries semblent être bien cartographiées. Dans le domaine des pistes cyclables il y a encore des améliorations à apporter. Très souvent, tu voies de mauvaises connexions entre chemins et voiries avoisinantes. En outre, je pense que la circulation à sens unique sur les pistes cyclables n’est pas souvent indiquée (difficile à voir sur des vues aériennes). Je crains donc que la navigation pour les cyclistes soit encore un peu bouleversée.

Grâce à Mapillary, il est maintenant facile de capturer les destinations des bandes de circulation ainsi que les panneaux indicateurs. Il est encore nécessaire de chercher les photos appropriées qui sont suffisamment sont claires, mais cela va devenir de plus en plus simple lorsque plus de photos seront disponibles. Ces destinations sont également exploitées par OsmAnd pour la navigation et affichéesà l’écran.

Je me suis également occupé un temps avec les limites des cantons postaux. J’avais lu sur le forum allemand comment cela se préparait. Ces relations semblent être la solution pour permettre à Nominatim de retourner le code postal correct. D’autres ont retenu cette méthode et maintenant toutes les limites des codes postaux de Flandre sont présentes. Malheureusement, pour la Wallonie, vu qu’il manque encore des limites administratives, les limites des cantons postaux ne peuvent pas être ajoutées.

Grâce à Check the Monuments je suis arrivé à la carte historique. Durant mes promenades j’ai déjà vu plusieurs fois le logo désignant les monuments protégés, mais je n’y avais jamais travaillé. Entretemps, tous les monuments protégés d’Anvers, de Malines, de Gand et de Bruges sont repérés sur la carte. Lors de chaque promenade pour laquelle je prévois de marcher selon un réseau de points, je fais une liste des bâtiments historiques du quartier. J’utilise un script Python que j’ai écrit qui génère un waypoint (point de cheminement) pour chaque bâtiment. J’ai trouvé la liste de ces bâtiments, par exemple à Sint-Pieters-Leeuw, classés par ville sur Wikipedia. En chemin, je vérifie que le bâtiment existe bien et j’essaie de prendre une photo correcte de celui-ci. Ces images, je les place ensuite sur Wikimedia Commons. J’ajuste aussi la page de Wikipedia. Bien entendu, tous les détails relatifs à ces bâtiments sont ajoutés dans OpenStreetMap.Rozentuin in umap

Suite à la rencontre avec quelqu’un qui avait cartographié le jardin japonais de Hasselt, j’ai eu envie de faire quelque chose de similaire. J’ai donc visité un certain nombre de fois le musée de sculpture en plein air de Middelheim (carte) près d’Anvers afin de collecter les données relatives aux statues. J’ai du revisiter plusieurs fois l’endroit étant donné que de temps en temps les statues sont déplacées. J’ai aussi commencé un projet similaire : cartographier les parterres de fleurs du jardin des roses du Vrijbroekpark à Mechelen.

Pourquoi cartographies tu ?

J’aime découvrir de nouveaux endroits. Les relevés sont une bonne excuse pour ça. Et aussi, cartographier est plus utile que de regarder sans cesse YouTube, des films ou jouer à des jeux. De plus, je trouve ça relaxant.

J’aime aussi commencer des petits projets et expérimenter des tags inconnus, ce qui est une raison qui me pousse à cartographier de nouvelles choses. Cela garde l’activité intéressante.

Quelle est ta plus grande prouesse en tant que contributeur ?

J’hésite entre mon travail sur les itinéraires pédestres, les monuments protégés ou les destinations sur les bandes de circulation.

Fais-tu d’autres choses liées à OpenStreetMap ?

J’ai présenté des introductions à OSM, par exemple à OpenBelgium 2015, et à des ateliers organisés par Nicolas Pettiaux à l’ESI à Bruxelles.

De plus, j’ai créé une collection de tags pour cartographier en Belgique, tags que j’utilise souvent dans JOSM. Quelqu’un a rendu cette collection disponible sous le nom BENELUX. Ce n’est pas le meilleur nom, mais, j’espère qu’il est utile pour les contributeurs belges. J’ai aussi créé la première traduction à partir de l’anglais de la carte Historic Places, ainsi que les préréglages des tags. Je continue de mettre à jour la traduction néerlandaise pour ce site. Récemment j’ai traduit une page wiki avec des exemples Overpass de l’allemand vers l’anglais. Cela rend la page utilisable pour le Google Summer of Code project.

Je fais aussi partie de l’équipe du “contributeur du mois”. Cette idée a été lancée l’hiver dernier par Ben Abelshausen. L’idée est de présenter chaque mois un contributeur. Nous espérons que cela aide les autres contributeurs à se connaitre et aussi que cela améliore la cohésion de la communauté. L’équipe cherche tous les mois un contributeur, lui adresse les questions et ensuite traduit ses réponses. À la fin, le texte est disponible en néerlandais, en français (sur le site belge d’OSM) et en anglais (dans mon journal). Ce dernier est fait pour donner plus de visibilité aux idées.

De temps en temps j’aide des gens sur le site d’aide et aussi sur le forum.

Je fais aussi quelques cartes simples avec umap. Avec la “Doggy map”, j’ai essayé de présenter OSM à mes amis du monde canin, en espérant qu’ils commencent à contribuer. La carte Fritures est une tentative de rendre plus visible cette forme de restauration belge. Je crois que cela a motivé certains contributeurs à ajouter certaines friteries manquantes qui se trouvent dans leur voisinage ou de corriger des tags incorrects.

As-tu des idées sur la façon dont nous pouvons étendre la communauté OpenStreetMap ?

Je pense que nous avons principalement besoin de bons programmes qui utilisent «nos» données. OsmAnd et Telenav’s Scout semblent des bons exemples. Mais il est regrettable, par exemple, que nous avons pas la possibilité de définir nos propres randonnées comme le permet le site www.wandelknooppunt.be. Nous avons tant de données sur d’autres équipements tels que les zones de pique-nique, les parkings, les bâtiments historiques, les tavernes, etc. qu’il devrait être possible de construire un site Web qui fournit plus d’informations et qui permet une meilleure planification.

Trop de sites sont maintenant concentrés sur les cartographes et trop peu sur les utilisateurs finaux. Comme la plupart des gens préfèrent consommer des données qu’en produire, c’est un problème pour moi.

Pour les cartographes actuels, nous pourrions peut-être générer plus de projets à l’instar des communautés allemandes et anglaises avec leurs devoirs hebdomadaires ou trimestriels. Étant donné le succès relatif de la mention de l’uMap friture sur la liste de diffusion et la page Facebook, ces projets pourraient être une incitation pour les cartographes existants.

Quelle est la plus grande force d’OpenStreetMap, à ton avis ?

La grande variété de données qui peuvent être combinés de façon intéressante, comme Polyglot a fait avec son [L’itinéraire de l’Ad] (https://en.wikivoyage.org/wiki/Ad%27s_Path). Ici la randonnée est combinée avec des informations sur les transports publics et le tourisme.

Quel est le plus grand défi, la plus grande difficulté pour OpenStreetMap ?

Encore trop de cartographes sont obsédés par ce qui est sur www.openstreetmap.org. Mais il y a une grande richesse en sites Web et en applications. Nous pourrions mettre l’accent sur beaucoup plus de sujets. Peut-être l’approche des communautés allemande, française ou belge est meilleure. Que les gens sachent que c’est d’abord une grande base de données qui est utilisable avec plein de sites Web et d’applications alors qu’on ne montre par exemple qu’une simple grande carte. Cette grande carte est de toute façon toujours comparée à Google Maps et pointé parce que telle ou telle fonctionnalité n’est pas présente sur elle.

Comment restes-tu à jour avec les nouvelles liées à OpenStreetMap ?

Je essaie de suivre environ quinze listes de diffusion et forums dans quatre langues différentes. Avec le forum allemand, j’ai surtout beaucoup appris. Le Wochennotiz, je l’ai découvert il y a quelques années et il me semble indispensable pour toute personne intéressée par ce qui se passe autour d’OpenStreetMap. Il y a aussi, je crois, des traductions en anglais, français et espagnol. Je reçois aussi une “alerte” Google quotidienne sur les nouvelles pages Web liées à OpenStreetMap. Parfois, il y a quelque chose d’intéressant.

As-tu contacté d’autres cartographes ?

Je suis très actif sur la liste de diffusion belge. J’ai aussi beaucoup de contact avec Polyglot. Au début, j’ai appris beaucoup par son intermédiaire. La plupart des contacts se font par courriel. J’essaie aussi de participer à diverses réunions de cartographes, par exemple Meetup ou journées de présentation. J’ai également organisé un certain nombre de Hangouts destinées à fournir des explications aux cartographes débutants. Cela n’est pas toujours facile par e-mail.

Si je rencontre des problèmes, parfois je contacte directement d’autres cartographes pour demander des explications. A l’étranger, il y a parfois des spécialistes dans un domaine particulier et je pense qu’il est toujours mieux de s’adresser directement à eux. Jusqu’à présent, j’y ai toujours eu des réponses positives, car tout le monde a le même objectif : améliorer les données. Personnellement, j’ai aussi été contacté en relation avec une fonctionnalité que j’avais cartographié erronément. Je n’étais pas tout à fait sûr de ce que c’était, mais il y avait un lien vers une photo. Ainsi, le spécialiste en charge a pu me contacter et me dire que c’était un réservoir d’eau pour l’incendie au lieu d’un hydrant enterré.

Pour conclure, y a-t-il encore quelque chose que tu souhaites communiquer au lecteur ?

Je recommande aux cartographes novices en Belgique de s’abonner à la liste de diffusion et de demander des conseils pour s’attaquer aux choses sérieusement. Les aides à l’édition ne couvrent pas toujours toutes les informations nécessaires pour faire une bonne édition.